L'Antimaçonnisme est une réalité contemporaine qui prend une ampleur et des formes dont il importe de saisir la mesure. Historiquement, on distingue deux types d’antimaçonnisme :
Ce double courant n’a cessé d’alimenter une sourde animosité à l’encontre de notre institution, jusqu’à des conflits idéologiques ouverts et sans merci.
Certes, il est parfois possible que certains Francs-Maçons ou certaines obédiences maçonniques aient des relations avec les pouvoirs politiques ou économiques, mais pas plus que dans le cas de n'importe quelle autre organisation humaine.
Les «sociétés secrètes» sont souvent accusées de tous les maux par les complotistes de tout bords. Elles seraient à l’origine du Covid, de la pédophilie et de tous les maux de l’humanité. En fait, la Franc-Maçonnerie est plus discrète que secrète. Jean-François Mayer, historien des mouvements religieux et directeur de l’institut Religioscope, s’intéresse depuis longtemps aux communautés religieuses et autre groupes marginaux. Il trouve cette liste d'accusations " très étrange " car mettant dans un même panier des clubs de service, des communautés religieuses et une société semi-secrète. (Source : heidi.news - Les sociétés secrètes en Suisse )
La Franc-Maçonnerie étant composée d'humains, en a forcément hérité des défauts et qualités. S'il est possible d'être déçu de certains franc-maçons qui se sont égarés, il ne peut être possible d'être déçu d'un idéal. La Franc-Maçonnerie n'est qu'une Idée, un Idéal Universel de Fraternité, prenant ses sources dans les plus anciennes traditions gnostiques de l'Humanité et pour être déçu d'un idéal, il faut peut-être déjà l'avoir trahit. On ne peut pas tuer un idéal, il est à l'épreuve des balles ... C'est bien ce que craignent le plus les dictatures et les religions.
La preuve la plus évidente est que plusieurs de nos membres peuvent être au chômage ou sans la possibilité de trouver un emploi depuis des années. Si nous étions si puissants, comme cela peut-il se faire? Comment se fait-il que la majorité d'entre nous sommes de conditions moyennes, voire modestes ? Pourquoi la majorité des politiques ou des juges ne sont pas Francs-Maçons ?
"L'expression « complot judéo-maçonnique » a été forgée dans le célèbre pamphlet antisémite les Protocoles des Sages de Sion, un faux écrit et popularisé par Mathieu Golovinski et Sergueï Nilus, publié au tournant du XXe siècle. Elle fut reprise dans la propagande du régime nazi et celle du régime de Vichy qui associaient ainsi dans une même expression deux de leurs principes : l'antisémitisme et l'antimaçonnisme." (Cf. Wikipédia.org). Le site mediapart.fr publie, à ce sujet, un article remarquable : Nouvel Ordre Mondial : Le complot démantelé.
Affiche de propagande antisémite et antimaçonnique, vichy (1941)
Une des facettes de l'antimaçonnisme contemporain, c'est l'antimaçonnisme islamique qui souvent associe franc-maçonnerie & sionisme.
Jean-Philippe Schreiber (ULB) sur le site : http://www.o-re-la.org, pense que ... "Ce mythe d’une maçonnerie conspirative a depuis pris de l’essor dans le monde musulman, alimenté, outre la propagation des pseudos Protocoles des Sages de Sion — qu’a illustrée le politologue français Pierre-André Taguieff — par des écrits d’une rare violence rhétorique, qui ont connu une très large diffusion internationale ces dernières décennies : ceux du pakistanais Islam Faruqi, de Sawfatt-al-Saqqa Amini et Abu Habib et, enfin, du pamphlétaire turc Adnan Oktar, plus connu sous le nom de Harun Yahya, patronyme par lequel il diffuse dans le monde entier une littérature d’inspiration créationniste et négationniste. Elles ont été renforcées, selon Hervé Hasquin, par les mythes et légendes que la franc-maçonnerie elle-même — ou une certaine maçonnerie du moins — a entretenus relativement à ses origines, qui n’ont pu que rebuter une culture musulmane heurtée par les références templières notamment.
La décolonisation a entraîné un reflux de la maçonnerie en pays d’islam : « La suppression de l’Ordre, mis au ban de l’islam par les religieux et considéré comme un reliquat de l’Occident et des ingérences étrangères, offrait à peu de frais l’occasion de se draper d’un nationalisme vertueux tout en éliminant une société de pensée libre et de nature interconfessionnelle » (pp. 73-74). L’Egypte de Nasser donna le ton, puis la Tunisie, qui sous le régime de Bourguiba considéra la franc-maçonnerie comme un produit colonial et étranger. Il en alla de même au Soudan, en Algérie, en Syrie, en Irak etc… jusqu’à ce que l’Iran, où pourtant la maçonnerie était encore florissante dans les années soixante-dix, en décimât les rangs lors de la prise du pouvoir par les ayatollahs — l’ancien premier ministre du shah, le maçon Abbas Hoveyda, fut ainsi fusillé, entre autres motifs pour espionnage au profit d’Israël et appartenance à la franc-maçonnerie.
Présente aujourd’hui en Turquie, au Liban et en Jordanie, la maçonnerie ne survit plus, en Afrique du Nord, qu’au Maroc, où elle refait surface, timidement, depuis une dizaine d’années, malgré les répugnances qu’elle suscite, et qui s’affichent aujourd’hui sur les réseaux sociaux, mêlant suspicions religieuses et politiques. Et l’on peut penser avec Hervé Hasquin que tant que la franc-maçonnerie apparaîtra en pays d’islam comme une œuvre de propagation des valeurs occidentales, vantant l’athéisme et travaillant à cultiver l’hégémonisme d’un camp contre un autre, elle y aura bien peu d’avenir."
Source : H. Hasquin, Les pays d’islam et la franc-maçonnerie, L’Académie en Poche, Académie royale de Belgique, Bruxelles, 2013