Né à Bombay, Rudyard Kipling sera toute sa vie tiraillé entre deux identités : celle de son enfance indienne et celle de son douloureux départ pour l'Angleterre. Cette nostalgie sera pourtant productive car bon nombre d'écrits de l'auteur mettront en scène l'univers de la jungle, et il publie en 1894 Le livre de la jungle. L'imagination du nouvelliste se consacrera principalement à un public enfantin et, en plus des aventures de Mowgli, Bagheera, Baloo et Shere Khan, Kipling écrira un recueil de contes intitulé Histoires comme ça.
Tu seras un homme, mon fils |
La loge mère |
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Si tu peux voir détruit l’ouvrage de ta vie
Si tu peux être amant sans être fou d’amour,
Si tu peux supporter d’entendre tes paroles
Si tu peux rester digne en étant populaire,
Si tu sais méditer, observer et connaître,
Si tu peux être dur sans jamais être en rage,
Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite
Alors les Rois, les Dieux, la Chance et la Victoire |
Il y avait Rundle, le chef de station,
Beazeley, des voies et travaux, Ackman, de l’intendance, Dankin, de la prison, Et Blake, le sergent instructeur, Qui fut deux fois notre Vénérable, Et aussi le vieux Franjee Eduljee Qui tenait le magasin « Aux denrées Européennes ». Dehors, on se disait : « Sergent, Monsieur, Salut, Salam ».
Dedans c’était : « Mon frère », et c’était très bien ainsi. Nous nous réunissions sur le niveau et nous nous quittions sur l’équerre. Moi, j’étais second diacre dans ma Loge-mère, là-bas ! Il y avait encore Bola Nath, le comptable,
Saül, le juif d’Aden, Din Mohamed, du bureau du cadastre, Le sieur Chucherbutty, Amir Singh le Sikh, Et Castro, des ateliers de réparation, Le Catholique romain. Nos décors n’étaient pas riches,
Notre Temple était vieux et dénudé, Mais nous connaissions les anciens Landmarks Et les observions scrupuleusement. Quand je jette un regard en arrière, Cette pensée, souvent me vient à l’esprit : Au fond il n y a pas d’incrédules Si ce n’est peut-être nous-mêmes ! Car, tous les mois, après la tenue,
Nous nous réunissions pour fumer. Nous n’osions pas faire de banquets De peur d’enfreindre la règle de caste de certains frères. Et nous causions à cœur ouvert de religion et d’autres choses, Chacun de nous se rapportant Au Dieu qu’il connaissait le mieux. L’un après l’autre, les frères prenaient la parole Et aucun ne s’agitait. L’on se séparait à l’aurore, quand s’éveillaient les perroquets Et le maudit oiseau porte-fièvre ; Comme après tant de paroles
Nous nous en revenions à cheval, Mahomet, Dieu et Shiva Jouaient étrangement à cache-cache dans nos têtes. Bien souvent depuis lors,
Mes pas errant au service du Gouvernement, Ont porté le salut fraternel De l’orient à l’Occident, Comme cela nous est recommandé, De Kohel à Singapour Mais combien je voudrais les revoir tous Ceux de la Loge-Mère, là-bas ! Comme je voudrais les revoir,
Mes frères noirs et bruns, Et sentir le parfum des cigares indigènes Pendant que circule l’allumeur, Et que le vieux limonadier Ronfle sur le plancher de l’office. Et me retrouver parfait Maçon Une fois encore dans ma Loge d’autrefois. Dehors, on se disait : « Sergent, Monsieur, Salut, Salam ».
Dedans c’était : « Mon frère », et c’était très bien ainsi. Nous nous réunissions sur le niveau et nous nous quittions sur l’équerre. Moi, j’étais second diacre dans ma Loge-mère, là-bas ! |