Loge maçonnique "René Guénon"

N° 76, Grande Loge Suisse Alpina, à l’Or.·. de Lausanne

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Culte diableCertains ex-francs-maçon, ultra-catholiques, l'affirment dans leurs livres. En fait il s'agit d'une vielle histoire qui date de l'entre-deux-guerre avec la célèbre affaire Léo Taxil. Entre 1885 et 1897, Léo Taxil met au point un canular antimaçonnique d’ampleur considérable, qui fait croire à l’existence d’un culte satanique chez les francs-maçons. Taxil va jusqu’à inventer de faux rituels, des personnages fictifs, des affaires d’abus sexuel et des complots.

En 1892, Taxil lance la revue Le Diable au XIXe siècle : “Les mystères du spiritisme : la Franc-maçonnerie luciférienne, révélations complètes sur le palladisme, la théurgie, la goétie et tout le satanisme moderne, magnétisme occulte, pseudo-spirites et vocates procédants, les médiums lucifériens, la cabale fin-de-siècle…”

La revue, truffée d’inventions qu’on appellerait aujourd’hui “fake-news”, eut un véritable succès, notamment auprès des membres de l’Eglise catholique.

En 1893, l’archevêque Leo Meurin publie La Franc-Maçonnerie, Synagogue de Satan, un livre qui réutilise les arguments de Léo Taxil. Taxil est démasqué en 1897 et avoue lui-même son imposture.

Pourtant, l’œuvre antimaçonnique de Taxil continue d’avoir un grand succès dans les milieux catholiques traditionalistes, nationalistes et antidreyfusards, et encore aujourd’hui dans les milieux d’extrême-droite.

Le fondement doctrinal de l’antimaçonnisme catholique repose sur la Constitution apostolique In Eminenti Apostolatus Specula du Pape Clément XII. Celle-ci proclamait, en 1738 : " Des hommes de toute religion et toute secte […] se lient l’un à l’autre par un pacte aussi étroit qu’impénétrable selon les lois et des statuts qu’ils ont créés eux-mêmes et s’obligent par un serment prêté sur la Bible et sous de graves peines à cacher dans un silence inviolable tout ce qu’ils font dans l’obscurité du secret. " (Cité dans Boutin P., La Franc-maçonnerie, l’Église et la modernité : les enjeux institutionnels du conflit, Paris, Desclée de Brouwer, 1998, p. 125.).

L'assimilation de la maçonnerie à une contre-Église encourage son amalgame avec l’hérésie et le satanisme. Outre l’occultisme, elle est également amalgamée par ses détracteurs au protestantisme, au socialisme et au judaïsme. En résumé, « L’antimaçonnisme est un courant polémique, apparu en Europe au XVIIIe siècle, ayant pour objet la critique de la franc-maçonnerie. S’il est convenu de faire remonter la franc-maçonnerie à la création, en 1717, de la Grande Loge de Londres, l’antimaçonnisme est pourtant antérieur. Dès 1698, un tract antimaçonnique circulait à Londres, mettant en garde les chrétiens contre la "secte diabolique". ».